Tunisie : les violences continuent, les écoles et universités fermées

Le gouvernement tunisien a annoncé lundi la fermeture jusqu'à nouvel ordre des écoles et universités dans tout le pays, alors que les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont repris dans le centre-ouest de la Tunisie, faisant une nouvelle victime. Cette décision a été prise alors qu'une manifestation de jeunes lycéens et étudiants était dispersée par les unités anti-émeutes dans le centre de Tunis.
Des milliers de jeunes sont mobilisés notamment sur Facebook, appelant à des manifestations en masse, le drapeau national entaché de sang remplaçant leurs photos sur les comptes du réseau social.
Alors que des émeutes sanglantes secouent le pays depuis plus de trois semaines, le président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, a dénoncé ce lundi des «actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés.» Pour tenter de mettre fin aux affrontements meurtriers, le président a annoncé la création de 300 000 emplois d'ici à 2012, outre les 50 000 postes promis récemment par le patronat pour les régions.
Les violences auraient fait 23 morts
Trois localités - Kasserine, Thala et Regueb - sont toujours en proie à des heurts, signe de la poursuite des émeutes contre le chômage qui secouent le pays depuis la mi-décembre. Ces violences ont fait, samedi et dimanche, au moins 14 morts selon le gouvernement, plus de 20 selon des sources de l'opposition, et 23 selon Amnesty International.
A Kasserine, situé à 290 km au sud-ouest de Tunis, un homme atteint de plusieurs balles et admis à l'hôpital dimanche, Abdelbasset Kasmi, a succombé à sa blessure lundi matin, selon Sadok Mahmoudi, membre du bureau exécutif de l'union régionale des travailleurs tunisiens (UGTT, centrale syndicale). Ce dernier a également fait état d'un «grand nombre» de personnes blessées qui se trouvaient en réanimation à l'hôpital de Kasserine, placé sous contrôle de l'armée. Selon des sources médicales et syndicales, l'établissement manque de sang pour traiter les blessés.
Des ambulances sillonnent la ville de Kasserine
Les manifestations se poursuivaient à la mi-journée dans le centre de Kasserine, devant le bâtiment du syndicat régional, affirme Sadok Mahmoudi. Plusieurs personnes se sont retranchés dans les locaux du syndicat pour fuir des tirs massifs de gaz lacrymogènes, indique-t-il, ajoutant que des ambulances sillonnaient la ville. Les commerces de la ville sont fermés.
Des douilles joncheraient les rues de Régueb
A Regueb, la police est intervenue pour disperser les habitants qui manifestaient à l'occasion de la mise en terre des morts du week-end, a constaté un correspondant de l'AFP. Dans cette localité, totalement paralysée en ce jour de marché hebdomadaire, l'armée a tenté de s'interposer entre les forces de sécurité et les manifestants, selon un enseignant défenseur des droits de l'Homme, Slimane Roussi. Il a assuré que des douilles de balles jonchaient les rues.
A Thala, ville endeuillée près de Kasserine, la police à tiré des balles en caoutchouc, selon des sources syndicales[/left]. [i]